Témoinage de Josiane Chapuis Gladic, membre de l’OMEP, enseignante spécialisée honoraire
2015
Notre Paris populaire.
Le nôtre.
Le onzième.
Depuis 30 ans tout juste.
Nous n’aurions pu payer plus loin vers l’ouest.
Notre cher boulevard Voltaire de par son nom surtout; mais aussi parce que de la République à la Nation; notre République, notre Nation.
Nous avons travaillé là.
D’ailleurs, nous donnons sur une allée intérieure, le bonheur.
Ce coin de Paris, après, Bruxelles, Lyon, Toulouse, est devenu nôtre.
Au 11 septembre newyorkais nous penchions vers le complot.
Au 11 janvier, là à coté, nous nous raccrochions au blasphème de leur Allah.
Mais à ce 13 novembre, nous restons abasourdis?!
Je n’arrive ni ne veux imaginer l’horreur de ce Bataclan charnier, au 50 bd Voltaire et nous habitons au 74…
Nous y sommes allés du temps où il y avait du théâtre.
J’aime la belle laverie à côté.
Notre amie Valérie habite là dans la petite rue où aboutissent les issues de secours, rue bouclée, d’où elle a dû s’absenter.
Non, je ne suis plus surprise. Je sais leur haine.
Je comprends leur suicide de jeunes n’ayant plus rien à perdre, seulement gagner une reconnaissance diabolique.
Je ne vois pas comment France peut gagner cette nouvelle guerre.
Sinon je vais je viens sans peur particulière.
J’accepte les risques de ma situation géosociopolitique sans état d’âme.
J’écoute avec sérieux les discours éclairés, réfléchis, apaisants de France-culture*, tout en me laissant happer par BFM TV.
Oui, le boulevard Voltaire est devenu notre périmètre de sécurité.
Depuis janvier nous nous posions au café d’en face, et bien le propriétaire a été abattu ce vendredi 13 à « La belle équipe ».
La petite serveuse de l’épicerie du bout de la rue est morte dans la fosse du Bataclan…
Souhaiter
De vivre au mieux de nos histoires
De comprendre les leurs…
Josiane
*Souleymane Bachir Diagne, philosophe sénégalais ; Fehti Benslama, psychanalyste