Hommage à Albert Jacquard

 

Albert Jacquard s’est éteint, mais son souvenir et ses écrits nous accompagneront longtemps encore.   

J’ai rencontré pour la première fois Albert Jacquard en juin 1996 à Auxerre au congrès de la FNAREN. Le titre de son intervention était « Préparons les jeunes à un monde des hommes qu’ils ont à construire ». Un programme qui ouvre la voie à la dimension du sujet. Il n’a jamais cessé de nous délivrer ce message d’humanisme, et ses actes illustraient ses convictions profondes.

Nous sommes nombreux aussi à l’avoir côtoyé dans les manifestations pour défendre la cause des plus démunis. Fatigué, il avait tenu à être présent aux journées sur l’école organisées par ATD quart-monde il y a deux ans à Lyon. Je l’avais revu dans un train où nous allions tous deux rejoindre la Franche-Comté (lui la Haute-Saône, et moi le Jura) et je l’avais trouvé en meilleure forme. Il était alors porté par sa dernière publication, « Dis-moi Albert » (à partager sans modération !).

 

Dans La Lettre de l’AGSAS n°48, je vous parlais d’une expérience que je conduis dans La Maison des aînés de mon village. Je me suis, là aussi, appuyée sur ce qu’il écrivait dans la préface du livre « Carnet de voyage intergénérationnel »  : « L’un de mes petits-fils a 12 ans. Je fais en sorte de lui parler et de l’écouter sans l’infantiliser : la rencontre des personnes dépasse la barrière des générations. L’âge s’efface, deux être singuliers peuvent alors se relier, s’estimer, apprendre l’un de l’autre. Je ne me résume pas à mon âge. Lors d’un événement cruel vécu récemment, je me suis retrouvé enfant. Perdu, sans voix. Soudain, mon enfance a resurgi. Les humains ont fait ensemble l’humanité. C’est notre legs. Il nous appartient de faire en sorte que l’humanité continue à faire de nous des humains. J’aimerais que ce livre puisse contribuer à cette tâche et, ce faisant, qu’il déborde le vocable, trop étroit à mon sens, de l’intergénérationnel pour inviter chacun à voyager d’une génération à l’autre afin d’apprendre à devenir ensemble. »

Merci Albert Jacquard, vos écrits sont nombreux, et nous sommes forts des messages que vous nous laissez. Pour les adhérents de l’AGSAS, votre formule « Je suis les liens que je tisse » rejoint complètement l’intitulé de notre revue « Je est un Autre ».

Nous serons nombreux à vous rendre hommage lors du démarrage de nos groupes de Soutien au Soutien cet automne, car votre parole ouvre la voie à notre démarche. Avec le sens de la formule qui vous caractérisait, vous déclariez : « A partir du moment où on vient me dire qu’on ne comprend pas, c’est qu’on est capable de tout comprendre, puisqu’on a compris qu’on ne comprenait pas. Et c’est ce qu’il y a de plus difficile à comprendre« .

 

Maryse Métra

Présidente de l’AGSAS

septembre 2013