Compte rendu de la 69ème Assemblée Mondiale et Conférence Internationale à Opatija
19-24 juin 2017- OMEP Opatija (Croatie)
69ème Assemblée Mondiale et Conférence Internationale
Les relations des enfants au cours de la petite enfance : les fondations d’un avenir durable.
Avec l’entrée du Venezuela, 54 pays ont participé activement à cette 69ème Assemblée.
Le discours de bienvenue de la présidente mondiale, Eunhye PARK, a été suivi des présentations des rapports annuels moral et financier de l’OMEP mondial et des organisations internationales où l’OMEP est représentée (ONU, UNESCO, UNICEF). Les responsables ont fait le point sur la poursuite des projets mondiaux de l’OMEP : Développement durable, Wash from the start, Jeu et résilience.
La présidente mondiale a dévoilé le programme prévisionnel qui célébrera les 70 ans de l’OMEP en 2018 à Prague
Un plaidoyer sur les 3 langues officielles de l’OMEP, comme il est inscrit dans les statuts fondateurs, a été mené par les représentants hispanophones et francophones. La nomination d’une nouvelle vice- présidente régionale Québécoise, Christiane BOURDAGES-SIMPSON, pour la région Amérique du Nord-Caraïbes, renforcera la francophonie auprès du Comité exécutif.
Des commissions ont travaillé sur des points cruciaux : comment recruter de jeunes membres (problème récurrent dans tous les pays), comment lever des fonds et améliorer le budget de l’OMEP (budget inchangé pour 2017), comment soutenir les équipes ONU, UNESCO…
Une banque de ressources en ligne est créée pour permettre la consultation de tous les documents concernant les projets et les recherches faites par des membres de l’OMEP : www.eceresourcebank.org .
L’assemblée s’est clôturée par la proclamation de la déclaration Mondiale 2017. Cette déclaration est ciblée sur l’augmentation nécessaire de l’investissement de tous les états pour la protection et l’éducation de la Petite Enfance. (Texte en annexe 1)
L’assemblée régionale a rassemblé presque tous les pays européens et a soutenu les projets mondiaux dans leur déclinaison locale. Le problème de l’accueil des familles de migrants avec de jeunes enfants reste très préoccupant en Grèce, Turquie, Suède, France …
Lors de la conférence Mondiale, suivie par plus de 500 participants, le professeur Peter MOSS, de l’University College de Londres, a contesté l’enseignement traditionnel de la petite enfance, enseignement qui ne tient pas toujours compte des acquisitions déjà faites par l’enfant dans son environnement familial et éducatif, en le conditionnant pour en faire un sujet néo-libéral standardisé, qui accomplira avec succès un futur inévitable… Cet « homo economicus » entraine une lutte sans fin pour dépasser l’autre dans un monde immuable… Ces principes nuisent à la créativité des enfants et des enseignants ainsi qu’à la démocratie. Peter MOSS nous parle des 100 langages de l’enfant … Son discours provocateur nous invite à réagir, à revoir notre manière de penser l’enseignement.
Esther MOSES, de la Loczy Foundation for Children (Hongrie), a présenté les moments quotidiens de soins aux bébés, fondateurs de la relation à l’autre et inspirés des travaux de Pickler. Les situations présentées, basées sur le rythme, le temps accordé à chacun, la communication, le respect, la qualité de la relation, nous ont prouvé les bienfaits de cette pédagogie.
Maria Pia BELLONI, représentante de l’OMEP à l’ONU, a donné une orientation politique, sociale et humanitaire, en faisant un plaidoyer sur la gravité de la situation des réfugiés, migrants et déplacés dans le monde en crise… Elle a fait appel à toutes les bonnes pratiques pour accueillir et répondre à cette situation d’urgence (voir statistiques de l’UNICEF et du HCR en annexes 2 et 3).
3 symposiums francophones (3x2h) entre canadiens-québécois, japonais et français ont exposés des recherches, des pratiques, orientations et recommandations sur les Droits de l’enfant, Education et développement durable, Jouer et apprendre. Participation d’OMEP-France sur « L’entrée dans le monde numérique dès le plus jeune âge », Danièle PERRUCHON, et « Orientations en termes d’Éducation pour parvenir aux objectifs du développement durable, ODD 4 Education 2015-2030 », Lisbeth GOUIN.
La visite de jardins d’enfants accueillant des enfants de 1 an à 6 ans, a donné un aperçu du système éducatif croate.
Rendez-vous au prochain congrès à Prague, du 27 au 29 juin 2018, sur le thème : « Conditions actuelles de l’Education préscolaire : la base pour un futur durable ».
Annexe 1 : Déclaration OMEP 2017 (Opatija, Croatie)
Déclaration des 69èmes Assemblée et Conférence Mondiales de l’OMEP
AUGMENTATION DE L’ INVESTISSEMENT POUR LA PROTECTION ET L’ÉDUCATION
DE LA PETITE ENFANCE (EPPE)
Opatija, Croatie, 20 Juin 2017
L’Éducation de la Petite Enfance est un droit individuel et social dont la réalisation est essentielle pour le développement intégral de l’être humain, pour l’accomplissement de tous ses autres droits et la construction de sa pleine citoyenneté dès la naissance.
Cependant, en raison de la pauvreté et des inégalités, un grand nombre d’enfants n’ont pas accès aux programmes et aux services de l’EPPE, de sorte que plutôt qu’un droit, c’est dans de nombreux cas, le privilège d’un petit nombre. Selon les données de l’ UNESCO pour 2016 dans le monde, 67% des enfants âgés de 5 à 6 ans sont inscrits en école maternelle, mais reçoivent une qualité d’éducation notablement différente. Les enfants âgés de 3 à 4 ans des familles les plus riches dans les pays à revenu faible ou moyen ont six fois plus de chances de recevoir une éducation que les enfants les plus pauvres. Dans cette même période, les enfants en-dessous de 3 ans n’apparaissent pas dans les études et les politique publiques pour l’EPPE.
La Convention Internationale Relative aux Droits de l’Enfant (CRDE) spécifie que les États ont l’obligation légale de promouvoir, protéger ou restaurer les droits des enfants, conformément au principe du meilleur intérêt de l’enfant. Par conséquent, investir dans les enfants doit être une priorité des gouvernements.
Un investissement insuffisant dans de nombreux pays a conduit à l’injustice sociale, à la discrimination dans l’accès, à des offres de qualité médiocre et à une faible durabilité des politiques, avec de graves conséquences pour les vies présentes et futures des enfants. L’UNESCO soutient que le manque d’un financement suffisant et juste a été la raison principale de l’échec mondial des objectifs de l’EPT en 2015. Actuellement, l’aide pour le développement de l’éducation est inférieure à celle fournie en 2009. De la même façon, le pourcentage de toutes les dépenses pour l’éducation que les familles doivent assumer est généralement bien plus important dans les pays les plus pauvres que dans les plus riches, et il est donc essentiel de le réduire afin que l’égalité devienne une réalité selon les nouveaux objectifs de l’éducation. C’est pourquoi le Comité des Droits de l’Enfant dans son commentaire Général No. 19, récemment adopté, demande que les États répondent à leurs obligations budgétaires pour garantir le respect des droits de l’enfant conformément aux principes d’efficacité, d’efficience, d’équité, de transparence et de durabilité. De même, l’ Objectif 4 du Développement Durable (ODD4) et le Cadre d’Action sur l’Éducation 2030 montre l’ importance de financement adéquat afin d’atteindre cet objectif et la responsabilité de tous les pays pour le réaliser. Par conséquent, l’OMEP demande aux gouvernements de respecter les engagements financiers concernant le développement et la durabilité de l’EPPE en veillant de toute urgence
– à donner la priorité et à accroître les dépenses publiques pour l’EPPE.
– à allouer les ressources nécessaires pour l’équité et la qualité de l’EPPE.
– à établir l’EPPE gratuite et publique afin de garantir l’élargissement des droits des secteurs les plus défavorisés.
Les membres de l’OMEP du monde entier sont engagés dans la participation, la collaboration, la surveillance, l’évaluation, la vérification et l’application des normes des engagements mondiaux pour la Protection et l’Éducation de la Petite Enfance.
Annexe 2 : Enfants déplacés dans le monde
Près de 50 millions d’enfants « déracinés » dans le monde
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28 millions d’enfants déracinés par la violence et les conflits, déplacés à l’intérieur comme à l’extérieur de leurs frontières :
- 10 millions de réfugiés
- 1 million de demandeurs d’asile, dont le statut de réfugié reste à déterminer
- 17 millions d’enfants déplacés au sein même de leur pays
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Origines principales des enfants réfugiés : environ 45 % viennent de Syrie et d’Afghanistan.
Enfants non accompagnés et migration
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Augmentation des enfants traversant seuls les frontières :
En 2015, plus de 100 000 mineurs non accompagnés ont demandé l’asile dans 78 pays, soit trois fois plus qu’en 2014. -
Environ 20 millions d’enfants migrants dans le monde ont également quitté leur foyer pour diverses raisons, telles que :
- La pauvreté extrême
- La violence perpétrée par des gangs
Conditions de vie et risques pour les enfants migrants et réfugiés
Bon nombre de ces enfants sont exposés à des risques élevés d’abus et de détention, souvent parce qu’ils :
- Ne possèdent pas de papiers
- N’ont pas de statut juridique précis
- Ne bénéficient d’aucun suivi systématique de santé
Ce sont des enfants oubliés par le système.
Accès à l’éducation et discrimination
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Un enfant réfugié a cinq fois plus de risque de ne pas aller à l’école qu’un autre enfant.
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Lorsqu’ils y accèdent, les enfants migrants et réfugiés sont souvent confrontés à la discrimination, manifestée par des brimades et du harcèlement.
Annexe 3 : Populations déplacées dans le monde en 2016
Chiffres clés des déplacements forcés (fin 2016)
D’après le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) :
- Plus de 65 millions de personnes déplacées dans le monde, soit une population équivalente à celle de la France.
- Une personne sur 113 est déracinée.
- En moyenne, 20 personnes déplacées chaque minute.
Répartition des populations déplacées
- 22,5 millions de réfugiés, dont 5,3 millions de Palestiniens.
- 2,8 millions de demandeurs d’asile en attente d’examen de leur dossier.
- 40,3 millions de déplacés internes, notamment en Colombie et Syrie.
La « nation d’exilés » : un 21e pays au monde
Si ces populations déracinées constituaient une nation, elle serait le 21e pays le plus peuplé au monde, devant le Royaume-Uni et l'Afrique du Sud.
- La moitié des réfugiés proviennent de Syrie, Afghanistan, et Soudan.
Les réalités de l’accueil des réfugiés
Contrairement aux idées reçues, la majorité des réfugiés ne sont pas accueillis par les pays occidentaux, mais par des pays voisins partageant souvent :
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Frontières et contextes économiques et sécuritaires fragiles.
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Principales destinations :
- Turquie et Liban pour les réfugiés syriens.
- Pakistan et Iran pour les réfugiés afghans, certains y étant accueillis depuis près de 30 ans.
84 % des réfugiés sont ainsi hébergés par des pays en voie de développement, pour qui cet accueil représente un défi majeur.
Demandes d’asile en 2016
Les demandes d’asile se concentraient principalement dans :
- Allemagne : plus de 700 000 demandes
- États-Unis : environ 262 000 demandes
- Italie : près de 123 000 demandes
- France : environ 78 000 demandes